En janvier dernier, je suis allé skier à Chamonix. Une sortie des plus importantes manquait à mon palmarès : la vallée blanche, cette descente mythique tant convoitée. La neige n’étant pas au rendez-vous. La semaine dernière, un de mes amis, Guillaume Roy, y est allé durant son voyage de ski au Club Med de Chamonix. Voici le récit de sa sortie :
La vallée blanche: par Guillaume Roy:
6:30, on se lève pile-poil sans retarder le réveil matin. Après un bon déjeuner, on se prépare et on se dirige tranquillement de notre hôtel, le Club Med de Chamonix, au téléphérique de l’Aiguille du Midi.
Avec nos skis montés sur nos sacs à dos, la plupart ont leurs chaussures aux pieds pour cette marche de 20 minutes; pour ma part, le mode « marche » de mes bottes me convient parfaitement. En traversant donc ce magnifique village, toujours très silencieux à cette heure, une sensation de calme et d’excitation nous anime. À noter que ce village est tout sauf calme le jour!
Arrivés au téléphérique de l’aiguille du Midi nous rencontrons nos deux guides, Fanny Tomasi et Rolland Coutet, préalablement réservés à la Maison des Guides, le jour même de notre arrivée. D’ailleurs, je recommande fortement de réserver vos guides dès votre arrivée et de la planifier tôt en semaine, car avec les conditions variables et les caprices du téléphérique, il existe toujours des chances que la rando soit reportée plus tard en semaine. Comme nous sommes un groupe de 10 skieurs, 2 guides sont alors nécessaires. Le tout reste très abordable pour cet encadrement indispensable.
Nos guides nous équipent donc de baudriers, pelles, etc. Nous vérifions l’état de la batterie de nos Arva et une fois bien équipé on se dirige vers le téléphérique. À l’entrée du téléphérique une fébrilité immerge tous les skieurs et alpinistes venus de partout dans le monde. D’ailleurs, ça parle français, allemand, anglais, espagnol et québécois! On se sent même quelque peu intimidé par l’équipement professionnel de certains venus tenter l’ascension du plus haut pic d’Europe, le Mont-Blanc ou d’autres qui partiront en rando alpine quelques jours dans les Alpes.
Arrivé au sommet nous empruntons un ascenseur vers l’observatoire pour admirer avec le paysage grandiose à 3842 mètres d’altitude. Seul le Mont Blanc nous dépasse avec ses 4800m.
En redescendant nous préparer, je croise le célèbre « Pas dans le vide », une cage de verre annexée au chalet du sommet et qui plombe plus de 1000m de vertical. Aucune attente, c’est ma chance! En toute vitesse j’enlève mon casque, mes bottes et tout mon attirail, téléphone inclus – tout équipement est interdit dans la cage et on doit enfiler de chics pantoufles. Comme j’ai peur des hauteurs, il s’agit pour moi d’un véritable défi. Je parviens au centre de la cage pouce par pouce; mon cœur bat la charade, mais je suis fier d’avoir surmonté ma peur et d’observer ce vide immense sous mes pieds. C’est gratuit en passant, alors pourquoi ne pas se faire une ptite peur!
Après avoir rejoint mes comparses, on se prépare à descendre la crête vers le départ en ski. Une fois encordés, nous descendons le sentier pas à pas. Comme le sentier est glacé et qu’il se trouve sur le bord d’une falaise glacée de plus de 1000 mètres de vertical, la concentration est de mise et l’adrénaline gicle à flo! Notre ami Serge y perd une pole…qu’il ne reverra d’ailleurs plus jamais. Je recommande fortement des crampons de glace sous vos bottes de ski – en location pour 5€ dans le village.
Une fois la crête terminée on chausse enfin nos skis, il est déjà 10h30. Les conditions sont parfaites avec un ciel complètement dégagé, une température de -7°C et des vents presque nuls; c’est un départ!
Compte tenu de la présence de glace dans le parcours du Grand Envers, notre guide Rolland (73 ans, dont 40 ans d’expérience de guide) nous suggère de passer les Rognons. Étant tous des skieurs avancés, nous souhaitions ajouter du défi à ce parcours panoramique qui est, semble-t-il, plus difficile que le parcours traditionnel de la Vallée Blanche et qui mène lui aussi à la Mer de Glace. À noter que le choix du parcours ne nous appartient pas complètement; selon notre niveau et les conditions ce sont les guides qui ont le dernier mot. Toutefois, le parcours traditionnel de la Vallée Blanche semble facilement accessible à tous les skieurs intermédiaires; il ne faut pas oublier qu’il s’agit également d’une aventure culturelle et panoramique.
L’immensité est indescriptible; c’est comme un océan de neige et c’est avec pur bonheur qu’entre amis nous glissons sur une neige fraiche en direction du refuge du Requin ou nous irons diner.
Après 1h de glisse nous atteignons le refuge en question qui surplombe le début du glacier du Tacul dans la Mer de Glace. Ce refuge qui se trouve au bas de l’Aiguille du Requin (de par son immense pic en forme de nageoire dorsale) offre un menu typiquement savoyard, dont une « boite chaude » qui ressemble à une tartiflette. La bière est bonne et le paysage, toujours aussi enchanteur, nous permet de bien voir les séracs du Géant et les crevasses du glacier du Tacul.
À notre grand étonnement, nous apercevons un hélicoptère qui s’immobilise (toujours en vol) dans un versant; il s’agit d’un sauvetage. Avec une précision impressionnante, l’appareil (toujours en vol!) pose son patin sur la neige afin de permettre la récupération de la personne en détresse. Bien qu’il n’y ait que 1-2 décès par année dans cette région, plus de 25 sauvetages par hélicoptère ont lieu chaque année surtout pour cause de blessure ou de fatigue.
Après nous être grassement rassasiés, nous entamons la suite de notre périple en descendant directement sur le glacier. Quelle sensation de glisser à côté d’immenses blocs de glace bleutés dans panorama grandiose braquée entre deux chaines de montagnes.
Sur le glacier, nous glissons fréquemment sur des ponts de neige qui recouvrent les crevasses; il est donc impératif de ne pas déchausser (enlever ses skis). Comme nous devons parfois carrément contourner des crevasses, il est important de rester alerte et bien regarder ou l’on glisse; ce qui n’est pas évident avec le paysage hautement addictif qui nous entoure.
Rolland et Fanny nous expliquent avec enthousiasme les détails de notre environnement; qu’il s’agisse de moulins, de vierges, de noms de pics ou d’aiguilles. La culture est riche dans cette région.
Après une bonne heure, des arrêts fréquents et un total de 15km parcourus, nous atteignons la fin de notre périple dans une partie moins épaisse du glacier. Creusée dans les séracs une grotte de glace mérite un arrêt si ce n’est que pour le coté surréel de la chose.
La fin du parcours est surplombée par la gare du train de Montenvers. C’est donc en train que nous descendrons le reste des montagnes et rejoindrons le village de Chamonix. Toutefois, comme le glacier a fondu de près de 100m (oui oui! 100m!) depuis l’ouverture de la gare en 1913, cette dernière se retrouve juchée dans la haute de la falaise et nous devons nous y rendre, entre autres via 420 marches…pour ma part, en bottes de ski.
Arrivés à la gare, nous descendons les montagnes vers Chamonix en passant d’un paysage hivernal à un paysage printanier, puis d’été, en observant quelques chamois noirs, une espèce qui domine cette région
De retour au village vers 14h nous rendons notre équipement et immortalisons notre joyeuse bande devant le premier train de Montenvers.
Finalement, de retour au village d’un pas léger et sous un soleil de plomb, nous nous arrêtons sur une terrasse pour une bière franchement méritée; la journée était parfaite et restera inoubliable, un gros merci à l’équipe de Voyages Gendron.
-Guillaume Roy
https://www.facebook.com/guillaume.royp