La nuit dernière fût très courte. Dehors, il y avait des fêtards qui criaient à s’époumoner jusqu’à 2am.  Il y avait aussi beaucoup d’appréhensions face à la journée d’aujourd’hui.  Je me suis levé à 6am.  Mon guide vient me chercher à 8am pour prendre la direction du téléphérique Lognan.

À notre arrivée au stationnement de la station, nous enfilons nos harnais, Arva, sacs à dos, et nous partons en direction du téléphérique. Naturellement, ceci est hors de ma zone de confort, je suis donc un peu nerveux.

Nous changeons de remontée à la mi-montagne, en route vers le sommet des Grands Montets. À notre arrivée, pour nous acclimater à l’altitude, mon guide me dirige vers les escaliers qui nous amèneront au belvédère pour y voir le paysage et en profiter pour se réchauffer les muscles des jambes.

À notre retour du belvédère, il est temps de tester nos Arva et d’enfiler nos skis. À ce moment, une certaine crainte m’envahit.  La première piste, de 800 mètres de dénivelé (c’est 500 pieds plus haut que Tremblant, et ce n’est que la première descente), est très pentue (40% d’inclinaison), glacée, et bossée.  Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais, au début de ma journée.  C’est aussi la première fois que je fais une telle descente avec un sac à dos qui pèse 12kg, ça change votre centre de gravité.  Avec de bons conseils de Philippe, mon guide, je viens à me rendre au bas de la pente, sur le glacier d’Argentière.

La fin de la première descente, 800m plus bas.

Le glacier en amont

À ce moment, il est temps de prendre des décisions. Mon désir était de faire du touring sur le glacier et de faire l’ascension d’une montagne, comme durant la traversée Chamonix-Zermatt.  Mais bon, les conditions étant ce qu’elles sont, et mon niveau d’endurance physique et de ski pourraient mettre en péril la mission.  Sécurité avant tout, nous choisissons de remettre l’escalade à un autre jour et de descendre le glacier, tout de même une descente remplie de challenges.  Ayant promis à mon épouse que je ne ferais pas de choix qui pourraient mettre ma vie en danger, la décision est la bonne.  Rebrousser chemin est parfois un succès.  Ne pas écouter la voix de la raison peut être dangereux.

Il faut maintenant skier entre les séracs, sur les ponts de neige. Pas facile.  Sur une section que je trouvais plutôt difficile, mon guide me suggère un autre chemin à travers les rochers (il ne faut pas marcher sans nos skis sur les ponts de neige, le poids, concentré sur une plus petite superficie pourrait perforer la neige, et créer un risque de chute dans la crevasse), que je descendrai en bottes, skis et pôles à la main.  Très bonne suggestion.

Pont de neige

Une fois passés les grands séracs et les crevasses, nous avons beaucoup de plaisir à descendre la partie moins pentue du glacier. Le spectacle est grandiose!  Les séracs, vus de si près, n’ont rien à voir avec ce que nous voyons en photo, c’est majestueux.

Vers la fin de la partie skiable du glacier, nous devons skier le côté de la pente, entre la montagne et le glacier qui se jette dans le vide. Skieurs avec vertige s’abstenir (mais bon, il serait un peu tard pour le découvrir car c’est le seul chemin).  Une mauvaise chute serait probablement votre dernière.  Je vous joins un court vidéo qui démontre bien la pente vers le glacier.  L’angle de ma GoPro ayant changé, lors d’une chute, on ne voit pas grand-chose, mais on peut apprécier la pente.  Je vous joins aussi une carte de la piste du glacier d’Argentière.  Vous pourrez apprécier l’ampleur de la chute du glacier.

 

 

À notre gauche, des skieurs très téméraires se sont lancés dans la descente vertigineuse d’un couloir (à partir de la piste du Point de Vue), plus difficile que le niveau de ski de certains. Nous sommes restés sur place pour en regarder un descendre.  Je n’aurais pas voulu être à sa place.

Nous avons finalement atteint la fin du glacier et nous avons joint la piste du Point de vue. Encore des bosses!  Mais cette fois, le niveau de difficulté est beaucoup plus facile (en contraste avec la première descente).

Par la suite, une belle descente jusqu’au téléphérique des Grands Montets, où, nous casserons la croûte et discuterons des quelques heures passées sur le glacier.  Mes jambes sont très fatiguées!

Il ne nous restera qu’à descendre la piste Pierre à Ric, une belle piste intermédiaire, qui nous amènera jusqu’à la base de la montagne à 1252m (le point de départ au sommet était à 3275m). Nous aurons skié un dénivelé de 6,635 pieds, à travers un magnifique glacier.  Une journée superbe!  Merci à mon fantastique guide.

Je n’ai peut-être pas fait le touring que je désirais la veille, mais, mon premier objectif était de me donner un point de repère quant à mon niveau de ski et d’endurance. Donc, ce fût un succès.  Je dois être capable de skier du terrain bossé, avec un sac à dos de 12kg, et faire de l’ascension la même journée.  Il me reste deux ans pour arriver à ce résultat.  Paul Dubrûle, de Voyages Gendron, l’avait pourtant bien expliqué durant sa présentation de la Haute-route, mais il faut le vivre pour le croire.  Paul avait bien raison.   J’ai maintenant un objectif clair en mire!  Et deux bonnes années pour y arriver.

Ce soir, je dormirai bien, et après un peu de repos, demain, j’irai skier Brévent en après-midi, avant un massage en soirée. Jeudi, je vais skier en hors piste à Courmayeur (Italie) avec Christophe Henry, un autre guide.  Vendredi, je retourne faire une ascension avec Philippe et je terminerai la semaine de ski avec une dernière journée, samedi aux Grands Montets.  J’irai faire les pistes du Point de Vue et Bochard.  Sans oublier, en fin d’après-midi, de retourner à l’Aiguille du Midi.