Sans surprises, malgré un hiver 2022 anormalement faible d’accumulations neigeuses sur les Alpes, les stations des Portes du Soleil, dont la principale est Avoriaz, ont su garder le domaine à un niveau supérieur d’expérience de glisse. Nous y avons eu une superbe semaine de conditions printanières, de plaisirs de la vie en montagne et d’exploration touristique à ski. Chaque journée devenue en soi un mini-voyage où les skieurs ont pu butiner d’un village pittoresque à l’autre en suivant l’itinéraire prévu pour la journée.
Les portes du Soleil, c’est plus de 12 stations reliées: sept en France et cinq en Suisse. C’est aussi un domaine de près de 600 km de pistes! Chaque station possède son éventail de vastes possibilités allant du terrain complexe pour les aguerris, passant par des pistes pour vous donner de belles émotions ou des paysages, des villages et hameaux qui resteront longtemps dans votre mémoire. On traverse la frontière entre les deux pays presque sans s’en rendre compte, ne serait-ce que des discrets drapeaux bleu-blanc-rouge ou la croix blanche sur fond rouge sur les panneaux de direction. Assurez-vous de maintenir votre sens de l’orientation pour revenir du bon côté avant la fermeture des remonte-pentes sur les cols, un retour par les routes pourrait être hors de prix.
Choisissez d’osciller en milieu alpin, dépourvu de végétation, aventurez-vous sans grand souci entre les pistes, mais gardez à l’œil sur les installations de remontée à emprunter pour ne pas vous perdre. Éloignez-vous en hors-piste avec les précautions d’usage en considérant les dangers d’avalanche et le choix d’itinéraire sécuritaire. Pour maximiser votre plaisir hors piste, je recommande de réserver les services d’un guide de montagne qui assurera votre choix d’itinéraire et de défis. Profitez-en pour demander conseil et améliorer votre technique en hors-piste (c’est le même prix!). Pour ce faire, l’École du ski français est une option de renommée.
Avoriaz, le village central d’un peu plus de 20,000 lits, c’est une véritable forteresse vacancière jonchée au haut d’une imposante falaise de rochers à 1800m. Son concept sans routes en hiver est le fruit de nulle autre que Jean Vuarnet. Retrouvez-y des constructions irrégulières et pourtant très similaires; la plupart recouvertes de bardeaux de cèdre rouge du Canada, défraîchis avec le temps comme on peut s’y attendre: c’est son cachet authentique. On y accède par l’unique débarcadère routier qui sert de lieu de transit vers hôtels, condominiums et chalets. On y circule en calèche équine ou à chenillette diesel. De jour, on peut se promener à travers le village à ski et remonte-pente d’un bout à l’autre. Il ne s’agit pas d’un concept écologique, mais bien d’un choix unique pour vivre l’hiver au maximum. Qu’il y fasse tempête ou soleil, chaud ou froid, il faudra vous chausser et vêtir en conséquence, peu importe la condition des chemins blancs. Ça donne parfois lieu à des déplacements un peu demandants lorsque la gadoue ou qu’une bonne bordée de neige font œuvre. Le concept a le mérite d’être supporté par une excellente logistique savoyarde.
En montagne, comme au village, vous ne manquerez pas de choix culinaires qu’ils soient savoyard, valaisan ou plutôt traditionnel, mais jamais banals. Je peine à me rappeler une expérience culinaire dont j’ai des regrets et ça, c’est un paramètre important. Pour le ski, hormis l’expérience saharienne qui s’est invité à travers presque toute l’Europe (jusqu’à Paris!), j’avoue ne pas être resté sur mon appétit et j’ai vraiment hâte d’en poursuivre ma découverte la prochaine fois.
Fait inusité durant ce séjour de mars 2022, l’Europe occidentale fut sérieusement affectée par les vents en provenance du Maghreb (sirocco) transportant le sable saharien sous forme de fine poussière sur l’ensemble son territoire. La qualité de glisse est perturbée, l’éclairage du jour prend un ton rougeâtre et toutes les surfaces changent de couleur, cela crée un phénomène donnant des airs dramatiques. Ça ne saurait durer, car une nouvelle bordée de neige, le travail mécanique en piste ou le passage de nombreux skieurs ramènent la glisse à la normale et le manteau montagnard au blanc naturel. Si ce phénomène est quasi annuel, son intensité peut varier d’une année à l’autre.