Je devais avoir la foi dans le Dieu des skieurs pour glisser mes skis dans mon auto sous la pluie en ce dimanche gris-brun en ville. Il fallait que je fasse confiance en ma bonne étoile pour me frayer un chemin entre les cratères de slush du Plateau et les lacs d’eau brune de la Rive-Sud. En manque de sommeil suite à un samedi soir un peu trop festif, je me parlais tout seul au volant pour me convaincre qu’au pire je ferai quelques descentes dans la pluie, que c’est toujours mieux qu’un week-end de février sans ski.
À l’approche du beau gros Mont Orford, sous la pluie de la 10, je vois des gros nuages accrochés à son sommet et j’espère que ça tombe en neige là-haut. Mais en sortant de ma voiture une fois rendu à la montagne, j’ai la surprise de voir le sommet bien dégagé. Il faut dire que les vents ont l’air assez intenses merci; les nuages vont et viennent. À la sortie du parking, un préposé à l’accueil nous prévient que la télé-cabine est fermée à cause de la glace, mais le sommet reste accessible avec le télé-siège triple. Pas de problème, j’étais prêt à skier dans la flotte, je suis bien content de voir des percées de soleil sur des pistes désertées par les skieurs. Je constate que plusieurs skieurs ont préféré rester sous la pluie en ville.
Je suis également surpris de voir que je ne suis pas aussi lendemain de veille que je craignais! L’air frais et la neige rapide me ravigote. Malgré les forts vents, la température est pas mal du tout. On doit skier avec le col bien remonté, mais il fait autour de 5 sous zéro, fort confortable donc. La glace qui empêche la remontée hybride de fonctionner a évidemment couvert la montagne, mais comme il y a un gros couvert de neige, et peu de skieurs pour compacter tout ça, les conditions de glisse sont très bonnes; il suffit de prendre de bonnes prises de carres pour mordre la piste. Mes bons vieux Salomon sont très contents de s’exécuter à pleine dents.
Pendant un bon dîner à la cafétéria je claironne sur mon Instagram l’absence de pluie à la montagne. Évidemment, dès que je sors digérer ma poutine sur le Mont Alfred-Desrochers je commence à me faire poivrer le visage d’une jolie grêle sous un ciel menaçant. J’hésite même à remonter le sommet principale tellement c’est gris et que cette grêle semble tout près de virer à la pluie, mais je prends une chance. Les vents grossissent, mais le ciel tiendra encore le temps de quelques descentes rapides. En milieu d’après-midi, certaines averses virent quand même à la giboulée, mais rien qui ne devrait endommager les pistes à l’approche de la relâche. Les conditions sont encore très belles, nous aurons du beau ski de printemps la gang.