Dans les Alpes italiennes du nord, à deux heures de Turin, la station de ski de Sestrières se démarque avec ses grandes tours et son village olympique. C’est là qu’ont eu lieu les disciplines de ski alpin lors des jeux de Turin en 2006. Cinq villages sont reliés à Sestrières dans un vaste domaine skiable qui fait le bonheur des skieurs de tous niveaux. Mais Sestrières fait aussi le bonheur des skieurs handicapés que l’on croise au détour de certaines pistes. Car c’est ici qu’a été fondée, il y a 16 ans, Sportdipiù (Sport plus), une association ouverte à toutes les personnes handicapées.

Tous les week-ends, ils sont une vingtaine de skieurs qui se retrouvent à l’accueil de Sportdipiù, au pied des pistes. Certains sont paraplégiques, d’autres amputés, plusieurs aveugles ou autistes. Ils sont attendus par une équipe de bénévoles, des skieurs aguerris qui ont tous suivi une formation rigoureuse adaptée aux différents handicaps. Bientôt chaque skieur handicapé partira sur la montagne accompagné de son bénévole. Plusieurs pourront aussi profiter des leçons d’un des six moniteurs de ski engagés par l’association.

Simon a perdu l’usage de ses jambes il y a un an, à la suite d’une maladie dégénérative. Pour ce grand sportif de 27 ans, le sport est vite devenu sa bouée de sauvetage. Quelques mois plus tard, il commençait à skier, assis dans son siège fixé à un ski et poussé par un bénévole. Il profite maintenant des leçons d’un moniteur de ski pour devenir autonome et rêve déjà de pouvoir faire de la compétition.

Le cheminement a été beaucoup plus long pour Isabelle qui avait 16 ans lorsqu’on a dû lui faire une amputation complète de la jambe atteinte d’un cancer. Il lui a fallu quatre ans pour sortir de son isolement. Elle a découvert le ski cet hiver. « C’est toute ma personnalité qui a changé, dit-elle. Depuis que je fais du ski, je suis plus ouverte, j’ai davantage confiance en moi. Je m’accepte et je suis plus heureuse. »

Dario lui a perdu la vue à 29 ans, il en a 59. Il adore sa journée de ski. « J’attends cette journée toute la semaine », dit-il. Ce jour-là, ils sont trois aveugles au rendez-vous du samedi matin. Chacun aura son bénévole avec qui il a développé une relation de confiance totale. Dario peut distinguer des ombres, mais Alessandro est complètement aveugle depuis l’âge de deux ans. Pas de problème, il suit son bénévole qui est muni d’un micro et lui communique constamment toutes les informations pour qu’il ajuste ses virages aux difficultés de la piste.

Derrière Sportdipiù, il y a d’abord son fondateur, Fabrizio Benintendi, avocat la semaine- moniteur de ski le week-end, qui consacre tous ses temps libres à trouver du financement privé pour faire vivre cette association qui le passionne. Personne dans sa famille n’est handicapé. L’idée lui est venue en donnant une leçon de ski à un enfant handicapé. Voir le bonheur que le ski lui apportait a suffi à donner un sens à sa démarche. « Le sport est un puissant facteur d’intégration physique et psychologique », souligne-t-il. Depuis des années, une petite équipe de bénévoles l’appuie dans la gestion et l’administration de l’association, basée à Turin, qui n’a cessé de croître. Au ski alpin, s’est ajoutée une variété de sports : hockey, curling, ski de fond, snowboard, tennis, escrime, canot.

Les seuls frais exigés sont un abonnement annuel de 100 euros par sport. Les cours et l’équipement sont offerts gratuitement à la centaine de personnes handicapées qui font partie de l’association.

Sportdipiù c’est avant tout « une grande famille, avec un esprit de famille », précise Fabrizio Benintendi, qui tient à souligner le dévouement de tous ceux qui sont impliqués bénévolement dans la réussite de ce projet dont il parle avec tant de fierté.